La honte : ce poison silencieux qui dérègle les hormones et épuise en profondeur \"

Il est courant, dans le cadre de l’accompagnement naturopathique ou thérapeutique, d’entendre des femmes parler d’une fatigue persistante, difficile à nommer, plus difficile encore à comprendre.
Il ne s’agit pas simplement d’un manque de sommeil, ni d’un surmenage passager. C’est une fatigue qui colle au corps, qui alourdit les gestes les plus simples, qui brouille la pensée et éteint progressivement la vitalité intérieure.

Chez beaucoup d’entre elles, les bilans sont parfois normaux, ou presque. Et pourtant, elles ne se sentent ni bien, ni stables, ni "elles-mêmes". Leur énergie semble fuir sans raison apparente, et les symptômes s'accumulent : instabilité émotionnelle, troubles hormonaux, cycles menstruels irréguliers ou douloureux, chute de la libido, fringales soudaines, hypersensibilité, brouillard mental…

Au fil des accompagnements, une question revient :
et si cette fatigue, que l'on traite comme un déséquilibre fonctionnel, était en réalité l’expression somatique d’une blessure émotionnelle plus profonde ?

La honte : une émotion invisible, mais endocrinienne

La honte est souvent sous-estimée dans son impact biologique.
Contrairement à la peur ou à la colère, plus facilement identifiables, la honte se glisse dans les replis de l'identité.
Elle ne s'exprime pas nécessairement par des cris ou des larmes, mais par le retrait, la constriction, la désactivation intérieure.

Il s'agit d'une émotion de désintégration de soi : elle ne dit pas "j'ai fait quelque chose de mal", mais plutôt "je suis mauvaise", "je suis inadéquate", "je n’ai pas de place".
Ce ressenti, lorsqu’il est chronique, maintient le système nerveux dans un état de menace diffuse, d’hypervigilance constante, souvent inconsciente, mais parfaitement tangible sur le plan physiologique.

Le système hypothalamo-hypophyso-surrénalien, au cœur de la régulation hormonale et de la réponse au stress, devient alors le théâtre de cette lutte invisible : la sécrétion de cortisol augmente de manière chronique, les réserves énergétiques s’épuisent, les glandes surrénales se fatiguent, la thyroïde peut se désynchroniser, et l’axe hormonal dans son ensemble devient instable.

Ce que la honte fait au cycle hormonal et à l'équilibre féminin

Chez les femmes que j’accompagne, cette honte — souvent intériorisée depuis l’enfance ou les premières expériences de vie adulte — ne se présente jamais seule.
Elle est accompagnée d’une accumulation de microtraumatismes émotionnels, de conflits non exprimés, de suradaptations permanentes.
Et cette pression intérieure constante finit par se somatiser.

Le corps se met à répondre par des signes qui semblent parfois "hors de contexte" :

  • règles absentes ou douloureuses,

  • spottings inexpliqués,

  • cycles irréguliers ou hémorragiques,

  • syndrome prémenstruel exacerbé,

  • perte d’élan sexuel ou troubles de la fertilité,

  • prise de poids localisée (souvent abdominale) sans modification alimentaire majeure,

  • insomnies liées à des pics de cortisol nocturnes,

  • et cette fatigue persistante, qui ne passe pas, même après le repos.

Le corps féminin, dans sa sagesse, ne fait jamais “n’importe quoi”. Il parle à sa manière, et ce qu’il exprime à travers ces dérèglements, c’est souvent une tentative de protection, d’adaptation, voire de survie face à une émotion dont la charge est trop lourde pour être intégrée autrement.

Fatigue chronique et honte : un cercle vicieux

La honte entretient un climat intérieur de dévalorisation.
Et plus la fatigue s’installe, plus la personne se sent coupable de ne pas “y arriver”, de ne pas “être à la hauteur”.
Ce dialogue intérieur critique renforce la honte, et donc le stress…
Ce qui épuise davantage le système nerveux et hormonal.
Un cercle vicieux s’installe, dans lequel le corps ne sait plus comment relâcher.

Dans ces cas-là, l’approche naturopathique seule ne suffit pas.
Il ne s’agit pas simplement de soutenir les glandes surrénales, de réguler le cycle par les plantes, ou de corriger l’alimentation.
Ces leviers sont utiles, bien sûr, mais ils doivent s’intégrer dans une démarche plus profonde : celle d’une réparation du lien à soi, d’une réhabilitation de l’estime, et surtout… d’une libération progressive de la honte.

Le soin ne commence pas dans les plantes, mais dans l’accueil de l’émotion

Accompagner ce type de fatigue implique de restaurer la sécurité intérieure.
De sortir du mode survie.
Et cela passe par le corps, autant que par la parole, la symbolique, et la relation thérapeutique.

Voici quelques pistes que j’utilise ou que je propose dans ce type de parcours :

  • Travailler la respiration vagale pour apaiser le système nerveux autonome (cohérence cardiaque, respiration basse, tremblements somatiques)

  • Explorer les zones de honte à travers l’écriture thérapeutique, les cercles de parole ou les approches en neurocognitivisme

  • Utiliser les plantes adaptogènes et régulatrices (ashwagandha, rhodiole, alchémille, sauge sclarée…) pour soutenir les glandes impactées par le stress chronique

  • Renouer avec le corps par le toucher conscient, l’auto-massage, le soin du ventre, afin de restaurer un sentiment de sécurité somatique

  • Réintroduire des rituels de lenteur et de beauté, car la honte a souvent déconnecté la femme de son plaisir, de sa douceur, de sa valeur intrinsèque

  • Travailler les schémas de pensée en thérapie cognitive intégrative pour déconstruire les injonctions de perfection, de performance ou d’auto-effacement.

Conclusion : retrouver de l’élan en réparant ce qui a été tu

La honte n’est pas un “défaut personnel”.
C’est une empreinte relationnelle, une mémoire émotionnelle.
Et tant qu’elle reste enkystée dans le corps, elle empêche les hormones de jouer leur rôle de régulation, elle entretient une inflammation de fond, et elle épuise, jusqu’à la perte d’élan vital.

Retrouver de l’énergie, ce n’est pas forcer le corps à aller mieux.
C’est l’écouter autrement, dans sa douleur, dans ses résistances, dans son intelligence.
C’est oser nommer ce qui n’a jamais été dit, même à soi-même.
C’est apprendre à se réparer, doucement, à travers une approche intégrative, humaine, et profondément incarnée.

C’est aussi redonner au mot “guérison” son sens profond : retrouver l’intégrité d’être.

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Réalisé par Yann SEKPON